samedi 22 octobre 2011

Adieur Kadhafi !

La mort du "colonel" Kadhafi ravive des souvenirs personnels.
Du temps où j'étais étudiant membre de l'UEC (Union des étudiants communistes) nous discutions beaucoup et "analysions" beaucoup les rapports de force internationaux.
C'était la fin des années 60 et les années 70.
En pleine guerre froide, en pleine "lutte des classes" au niveau international, camp contre camp, le camp "socialiste" dominé par l'URSS et le camp "impérialiste" dominé par les USA...
En 1969 Kadhafi (qui n'était pas encore colonel) renversa le roi Idriss.
Nous, les jeunes révolutionnaires, nous étions plein d'admiration pour ces "officiers" qui faisaient des coups d'Etat dans les pays arabes, représentants, disions-nous, d'une petite bourgeoisie qui libérait les peuples des ces pays du joug du colonialisme et renforçaient le camp de l'impérialisme...
En Egypte, ils avaient déjà fait ça en 1954 avec le "colonel" Nasser qui avait défié les impérialistes en 1956 avec son canal.
En 1958, un "comité des officiers" dirigé par Kassem prend le pouvoir et détrône le roi en Irak. Après quelques coups d'Etat, c'est Saddam Hussein qui en fait un pour prendre le pouvoir en 1968.
C'est aussi en 1958 que Syrie et Egypte se réunissent pour fonder la République Arabe Unie... Cela ne durera pas. Mais avec ce parti Baas, ce parti pan arabe, tous les espoirs anti-impérialistes étaient permis...
Et le comble, tout au long des années 70, alors que l'Ayatollah Khomeiny était réfugié en France, les communistes, au nom d'un soi-disant anti-impérialisme, soutenaient les islamistes et sautaient de joie quand ces derniers ont pris en otage à Téhéran des Américains, ces "sales impérialistes". Ensuite Irak et Iran se feront une sale guerre qui durera plus de huit ans ! Plus impérialiste que moi tu meurs !
Voilà où mène l'idéologie exacerbée qui, sous couvert de "lutte des classes" cache la défense des intérêts nationaux de la Russie, et de ses satellites d'alors, sous l'égide d'une internationale qui faisait semblant de ne plus exister: l’internationale communiste...
Il est particulièrement savoureux (enfin... si ce n'était pas pitoyable) de voir aujourd'hui le commandant Chavez (tous des gradés de l'armée ces "révolutionnaires" de pacotille), président du Vénézuela, soutenir mordicus Kadhafi!
Qu’écrivais-je au début de cet article? Que dans les années 60 et 70, les jeunes "révolutionnaires" que nous étions (et que je ne suis plus depuis longtemps) soutenaient avec enthousiasme tous ces gradés de l'armée qui, croyions-nous, contribuaient à renforcer le camp anti-impérialiste et qui se sont avérés être des dictateurs chassés aujourd'hui par les "révolutions" arabes...
Ce pauvre Chavez retarde de plus de 50 ans !
Je n'ai pas étendu mes souvenirs aux "sympatiques" dictateurs de Tunisie et d'Algérie, tous ancrés dans le camp "anti-impérialiste"...
Quant aux rois de Jordanie et du Maroc, ils se sont bien gardés de donner des raisons de se faire renverser... Ils se sont bien débrouillés...
Dernière réflexion : mais où peut-on trouver l'origine de ces "révolutions" arabes qui ont mis bas les dictateurs que le mouvement communiste avait toujorus considéré comme des "progressistes" renforçant le camp impérialiste ?
La réponse est simple : dans le renversement de Saddam Hussein en Irak en 2003 ! Il est dommage que la France n'ait pas été, à ce moment-là, dans le courant de l'histoire qui a mené au printemps arabe en 2011...
Bien sûr, rien n'est simple. La mise en place d'élections plus ou moins démocratiques dans ces pays permet aux islamistes de se présenter au suffrage des électeurs. Et, bien souvent, ils sont, dans le pays, le seul parti vraiment constitué et actif...
Le danger n'est pas négligeable.
Les islamistes risquent de voler la révolution aux peuples qui l'ont faite...